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on offrit des bouquets à la Marianne de la place de la République ; pour exister dans l’âme du peuple, elle avait dû se diviniser.

Beaucoup de sanctuaires romains sont d’anciens temples païens qui, dans leurs noms nouveaux, laissent lire leur généalogie[1] :

  Temples Églises
  Jupiter Feretrius In Ara Coeli.
  La Bonne Déesse Ste-Marie Aventine.
  Apollon Capitolin Ste-Marie du Capitole.
  Isis (au cirque de Flaminius) Sancta Maria in Equirio.
  Minerve Ste-Marie sur la Minerve
  Vesta N.-D. du Soleil.
  Romulus et Remus S. Côme et S. Damien

Les chaires en marbre de certaines églises de Rome sont des baignoires qui viennent de Dioclétien ; dans la cathédrale de Naples, les fonts baptismaux ne sont autre chose qu’une ancienne cuve de basalte ornée de très beaux bas-reliefs où se lit l’histoire de Bacchus[2]. Près de Mon-

  1. Il y a des renseignements là-dessus, mais pas toujours très sûrs, dans la Lettre écrite de Rome, de Conyers Middleton Amsterdam, 1764.
  2. Paganism in the Roman Church, by the Rev. Th. Trede, pastor of the evangelical church of Naples (The Open Court, June 1899). Ce révérend continue, mais avec une bonne humeur ironique et attristée, le travail des Conformités. On ne saurait trop encourager ces sortes de travaux ; dirigés contre le romanisme populaire, ils en sont la plus utile et la plus belle apologie. Nous utilisons la charmante étude de M. Trede.