Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

arrêt de développement ou une régression ; le protestantisme trouverait place dans l’histoire de la philosophie, où il forme le parti réactionnaire, bien plus que dans l’histoire de la religion dont il a déformé les vrais principes ; cette question écartée, on remonterait aux plus anciennes religions connues dont le romanisme peut réclamer l’héritage, jusqu’aux Phéniciens, jusqu’aux Égyptiens et, çà et là, très loin, jusqu’au cœur des plus vieilles superstitions asiatiques. En suivant les métamorphoses des croyances, on devrait parler de Jésus, sans doute, mais pas plus que de Bacchus, d’Isis ou de Mithra : il y a autant que de christianisme, du bacchisme, del’isiacisme et du mithriacisme dans le catholicisme populaire, tout cela greffé ingénument sur l’arbre aux nobles branches du vieux Panthéon romain. Comme nous avons reçu la langue, nous avons reçu la religion du Latium ; c’est au delà de l’Empire romain, et seulement au delà, que le Christianisme juif a pu s’établir et vivre. Les pays aujourd’hui protestants ont toujours été chrétiens ; les pays aujourd’hui catholiques ont toujours été romains ou gréco-romains ; un atlas historique rend très sensible cette vérité méconnue.

                                    II