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vot pasteur est agréable et reste, complété par les diatribes de quelques fanatiques plus récents, la meilleure preuve de l’antiquité et aussi de l’excellence du catholicisme. Une religion, c’est un ensemble très complexe de pratiques superstitieuses par lesquelles les hommes se rendent favorables les divinités. On ne perfectionne pas de pareils systèmes ; il faut les accepter tels que les générations les ont organisés, ou les nier rigoureusement. Les plus anciens sont les meilleurs ; c’est une grande absurdité de vouloir rendre raisonnables les jeux des enfants et une grande folie de vouloir épurer les religions. Les jeux surveillés par des maîtres taquins n’en restent pas moins des jeux, quoique moins amusants ; les religions réformées n’en restent pas moins des religions, mais dépouillées de toutes leurs grâces puériles. Une croyance, quelle qu’elle soit, est une superstition. Croire en un seul Dieu et le prier, si c’est un acte pieux, il est d’une piété plus large et plus belle de croire en tous les dieux du Panthéon et de leur offrir à tous des fruits et des agneaux. Pourquoi le seul Jupiter ou le seul Jéhovah ? Ont-ils donc démontré leur existence objective mieux que les héros ou les saints ? En ôtant au christianisme le culte des saints, les protestants lui ont ôté tout ce