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ralisme l’auteur héroïque de la Cathédrale.

Peut-être aussi qu’après le Satan lubrique de l’occultisme et de l’hérésie il a voulu esquisser le caractère du Satan orthodoxe, et qu’il l’a vu, comme le voyait le moyen âge, sous la forme particulière d’un personnage immonde et facétieux. Satan fut le « gracioso », le pitre des édifiants spectacles de jadis, le bobêche malpropre qui, ayant fait rire la populace, finit par être culbuté et bafoué. Dans les possessions, Satan et sa monnaie, les Diables, jouaient le rôle du principe inconnu ; ils représentaient l’origine de toutes les maladies mystérieuses. On prouvait l’existence et la ténacité des Diables par l’inguérissable pourriture des trois éléments corruptibles, que le quatrième, le Feu, est impuissant à purifier. Et comme tous les moyens humains échouaient, on eut recours à la magie. C’est très ancien. De là les formules romaines de l’exorcisme, magnifiques obsécrations. Saint Augustin parle des esprits mauvais comme aujourd’hui on parle des microbes : « Ils abusent de notre chair, outragent notre corps, se mêlent à notre sang, engendrent les maladies[1] ». Ils résident spécialement dans les eaux, dont la nocivité est ainsi expliquée,

  1. De Divinitate, III, iii.