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ment de même pour ce qu’on appelle le mobilier religieux, dont l’origine est antérieure au christianisme. On aurait bien surpris les martyrs qui refusaient d’encenser les idoles en leur disant que l’encensoir deviendrait un instrument pieux. Peut-être que la signification symbolique départie à ces accessoires du culte fut une sorte de baptême conféré à des objets depuis longtemps en usage dans les cérémonies liturgiques des anciennes religions. On sait qu’une lampe brûlait perpétuellement, dans certains temples, dans ceux de Minerve, d’Apollon, de Jupiter Ammon ; et déjà l’huile devait être pure et tirée des seules olives. La lampe éternelle était alors le symbole du feu ou du soleil ; elle ne parle pas plus clairement aujourd’hui. Les prêtres d’Isis portaient la tonsure en couronne, comme les plus anciens moines ; on distribuait du pain bénit au nom de Minerve, qui, comme Diane, protégeait des confréries de jeunes filles, des Enfants de Marie. Il ne serait pas sans intérêt d’étudier ces transpositions et cela vaudrait peut-être mieux que d’accepter, sans les expliquer, les opinions de Méliton ou de Durand de Mende[1].

  1. Le Polyhistor Symbolicus, de Caussin (Cologne, 1631), est une symbolique de la mythologie gréco-romaine ; assez hasardée, elle l’est moins que l’étrange ouvrage d’Antoine Monnier, l’Art sacerdotal antique, explication du sens allégorique des principaux monuments grecs et romains du Louvre (1897).