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peinture, il faut prendre garde que même la « symbolique des tons » ne préserva pas l’Angelico d’être avant tout un peintre, un homme qui aime la couleur et les formes, un homme dont les yeux se réjouissent à la vue de la beauté.


                                   IV

L’art catholique, l’art du moyen âge fut-il, autant que le pense M. Huysmans, autant qu’il a cru le découvrir, minutieusement subjugué par les règles, ou plutôt par les usages de la symbolique ? Cela semble inadmissible. On concédera difficilement que Fra Angelico n’employa pas de brun dans son Couronnement parce que cette couleur, « composée de noir et de rouge, de fumée obscurcissant le feu divin, » est satanique ; pas de violet, pas de gris, pas d’orangé : parce que le violet dit le deuil ; le gris, la tiédeur ; l’orangé, le mensonge. L’abstention du peintre trouverait sans doute des explications moins extraordinaires. Et si les nefs de Bourges sont au nombre de cinq et celles d’Anvers au nombre de sept, est-ce vraiment en l’honneur des Cinq Plaies ou en l’honneur des Sept Dons du Paraclet ? Que, dans la disposition la plus ordinaire, trois nefs et un triple portail, il y