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que la foi et où, finalement, il a dépassé ses maîtres. Il y a aussi en tout cela un goût de beauté pure, un sensualisme mystique, qui furent catholiques, mais qui ne le sont plus ; c’est là l’innovation, ou le renouveau : heureux d’être devenu un bon chrétien, et peut-être sur la voie de devenir quelque chose de plus et de plus rare, M. Huysmans, s’il est prêt à quelques renoncements, semble mal disposé à répudier ce qu’il y a de païen dans le catholicisme, l’art. Par cela, son catholicisme est presque complet ; il lui manque encore, en sa métamorphose et pour s’adapter entièrement à la vieille tradition romaine, de ne pas mépriser la sorte d’art qui est une production naturelle du génie humain et, en somme, une création d’ordre divin et surnaturel, absolument au même titre que l’art d’inspiration liturgique. De ce que le Couronnement de la Vierge, de Fra Angelico, est « encore supérieure à tout ce que l’enthousiasme en voulut dire », s’ensuit-il qu’Ingres n’ait eu aucun génie ? Tel est cependant le parti pris de l’apologiste que, pour vanter Dieu, il dénigre la Nature et que, pour complaire à ses frères et tenter les infidèles, il exclut de la communion universelle les plus grands esprits créateurs, s’ils n’ont pas le front marqué de la symbolique cendre. Cette méthode n’est