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dans le même genre de connaissances, le héros du livre, Durtal, exhibe, en plus, une âme de jeune communiant, et l’esprit sarcastique d’un critique d’art, aigre quoique dévotieux, partial quoique renseigné. Avec de tels éléments le roman devait, comme tel, être d’un intérêt nul ; sa valeur littéraire lui est donnée par de superbes pages descriptives, mais où la description s’élève parfois jusqu’à donner la raison des choses, au moins la raison symbolique, au moins la raison théologique. Le clergé, s’il lit ce livre, sera surpris de ne pas le comprendre, tout d’abord, car ses maîtres lui cachent avec soin la connaissance de la beauté sensible et, pour entendre (un peu) le symbolisme, il faut une science préliminaire de l’art et de la nature. Il y a dans des gestes, dans des regards, dans des draperies, telle intention secrète à la fois de beauté et de prière qui dépasse l’ordinaire intelligence d’un séminariste gavé de théologie liguorienne. Cette partie du livre de M. Huysmans, nef autour de laquelle se rangent les petites chapelles et plusieurs autels privilégiés, cette partie de théologie sculpturale est réellement supérieure et, le talent réservé pour être loué à part, il faudrait encore admirer la patience de l’auteur, le long d’études compliquées, lentes et troubles, auxquelles rien ne le préparait