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III

Cependant l’Église a des archives, une histoire, celle de sa beauté passée : c’est dans cette poussière resplendissante que se réfugient encore certaines intelligences et certains talents. Chateaubriand, pour exhumer le catholicisme, n’eut qu’à laisser son génie se souvenir d’une enfance jadis enivrée de fêtes et de légendes ; ses œuvres historiques et apologétiques eurent une grande influence sur le développement du romantisme français ; elles rendirent possible la grandiose archéologie de Victor Hugo, aussi bien que le sentimentalisme religieux de Lamartine ; si l’on néglige tout l’intermédiaire, on les voit, vers la fin du siècle, aboutir selon leurs canaux, à Sagesse, à la trilogie apologétique de M. Huysmans : la Cathédrale essaie de refaire avec des moyens nouveaux, plus restreints, mais plus persévérants, avec des outils moins brillants, mais plus aigus, le Génie du christianisme. L’écrivain d’aujourd’hui a lu aussi Notre-Dame de Paris, et aussi quelques autres livres ; il doit à Chateaubriand l’esprit apologiste ; à Victor Hugo, l’amour des pierres sculptées ; aux autres, tout le reste.