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des plus grands écrivains, de Chateaubriand à Villiers de l’Isle-Adam. Que cette croyance ne semble pas correspondre à l’orientation présente des intelligences, cela est clair, mais une attitude n’est-elle acceptable que conforme à l’attitude générale ? D’ailleurs, si on peut faire l’anatomie d’une croyance ou d’une conviction, il est impossible et illégitime d’aller plus loin. L’excommunication n’est pas un geste philosophique.

Je crois que le catholicisme, en France, fait partie de la tradition littéraire.

Le catholicisme est le christianisme paganisé. Religion à la fois mystique et sensuelle, il peut satisfaire, et il a satisfait uniquement, pendant longtemps, les deux tendances primordiales et contradictoires de l’humanité, qui sont de vivre à la fois dans le fini et dans l’infini, ou, en termes plus acceptables, dans la sensation et dans l’intelligence.

Depuis Constantin jusqu’à la Renaissance, le catholicisme a développé normalement les deux principes qui le constituent et, sans l’intervention de Luther, il est très probable que le principe païen, d’art et de beauté, eût acquis autant de force que le principe évangélique, de renoncement et de mortification. Léon X et Jules II pouvaient vraiment se glorifier du nom de Pon-