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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

toujours délicieuse. Un second volume de vers, qui est un poème complet, la Chanson d’Ève, contient encore beaucoup d’imprécis, mais les intentions du poète du moins sont très claires. Il veut peindre l’éveil à la vie, au rêve, à l’amour d’une jeune fille. Puis de l’amour elle passe à la tristesse de savoir ce qu’elle était si heureuse de désirer. Quand il n’y a plus pour elle de mystère, il n’y a plus de bonheur et elle appelle la mort. La visite d’Azraël sera sa dernière joie :

Il souffle la flamme, éteint le bruit,
Met le silence de sa bouche
Sur la bouche qui sourit,
Et pose doucement, sur le cœur qui s’apaise,
Sa main qui ne pèse
Pas plus qu’une fleur.

Il n’est guère de poème plus rempli de vers adorables :