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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

dont, depuis l’abbé Delille, peu de poètes avaient donné la preuve. »

Pour nous remettre un peu le cœur après toutes ces imitations plus ou moins « distinguées », écoutons ici les vers d’un poète qui trouva plus de gloire à manier la prose de ses essais, de son théâtre, mais qui en avait donné d’abord et de charmants. Je veux parler de Maeterlinck et de ses Serres chaudes :

Mon âme est malade aujourd’hui,
Mon âme est malade de l’absence,
Mon âme a le mal des silences
Et mes yeux s’éclairent d’ennui.

Cette poésie ne serait pas très loin de celle de Rodenbach, si elle ne s’enrichissait d’un élément nouveau : le symbole. Elle dit toujours plus de choses qu’elle n’en exprime directement. Il y a déjà sous le poète un philosophe :