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ÉMILE VERHAEREN

tiendra pas longtemps, car voici les Campagnes hallucinées. Il faut traduire. Ce ne sont pas les campagnes qui sont hallucinées, mais le poète qui va les revoir, comme au temps des Flamandes, et qui n’en trouve plus que le fantôme. Les portes des maisons vides sont ouvertes, les champs sont retournés en friche, les chemins ont disparu sous une végétation de hasard et, rappel des anciens travaux et des anciennes prospérités, dans un coin de terre abandonné se dresse une bêche, plantée toute droite, symbole des labeurs oubliés. Les hommes ont délaissé les campagnes, tous ont fui vers les villes, celles qu’il appellera dans une œuvre suivante, les Villes tentaculaires, les villes qui happent les travailleurs des champs par l’appât du plaisir, de l’alcool, de l’argent. C’est le