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DES ORIGINES À GEORGES RODENBACH

peut tout de même noter que la Belgique n’est pas la terre sans tradition littéraire que l’on croit et que ses racines plongent au plus profond des siècles.

À vrai dire, l’expression littérature belge n’est légitime et n’est adoptée que depuis très peu d’années. J’en placerais la naissance vers 1881, sinon en cette année même où parut le premier numéro d’une revue appelée la Jeune Belgique, mais, bien avant cette date, Bruxelles, si grandie et si remplie depuis la Révolution, était un centre littéraire. Le prince de Ligne avait écrit partout, publié partout, au hasard des chevauchées de guerre. Ceux qui vinrent après lui, sans guère le connaître, d’ailleurs, eurent des destinées plus sédentaires. C’est à cela qu’on reconnaît qu’un pays, ne fût-il encore qu’une province, manifeste la