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MAURICE MAETERLINCK

et d’abord ces Aveugles, dont les voix dolentes dans la nuit sonnent encore à nos oreilles, impression de réalisme fantastique. Mais déjà on avait pu lire la Princesse Maleine et s’y imprégner d’un irréel nouveau et hallucinant, où se trouvait comme resserré et rendu visible tout ce qu’il y a de fantomatique dans l’âme de ces paysages du nord, vus et sentis par une imagination maladive, imprégnée jusqu’au frisson du décor shakespearien d’Hamlet et du Roi Lear. Sans doute, les personnages sont trop uniformément des ombres gémissantes et qui parlent trop de leur âme, et en termes trop souvent puérils, quoique d’une puérilité voulue et cherchée, avec trop de répétitions de mots et de phrases qui se répondent comme des sons de cloches dans la nuit ; mais il y avait au