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L’IDÉALISME

Ce mot traîne dans les journaux : des gens aussi vains que M. Filon se permettent de l’écrire, croyant le comprendre ; les néo-chrétiens en font usage avec l’aplomb de l’apprenti sorcier de Gœthe ; M. de Vogué chevauche ce manche à balai, — et de ce balai M. Desjardins balaie la sacristie ; c’est le mot à tout faire. Pour ces simplistes, un peu bornés, l’idéalisme est le contraire du naturalisme, — et voilà cela signifie la romance, les étoiles, le progrès, les chevaux de fiacre, les phares, l’amour, les montagnes, le peuple, toute la farce sentimentale dont on truffe entre gens du monde, les petites pains fourrés du thé de cinq heures.

Autrement, ces sots s’imaginent qu’idéalisme est synonyme de spiritualisme et qu’un tel vocable relève de la judicature de