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les soins de Mlle de Lostange. Quant à moi, j’héritais d’une grande richesse. Ma tante conservait cette villa des Tamaris, j’y vins la pleurer en compagnie de Maud Willy. Ce fut là que le notaire qui réglait ma fortune, imagina de me faire rencontrer ton père dont il gérait également les biens. J’étais à cette époque assez jolie fille.

— Dis ravissante maman, interrompit Tancrède.

— Si tu veux... à quoi bon... ton père était le plus séduisant des honimes bien qu’il eut l’âge d’un célibataire endurci. Sans la perte de son compagnon de plaisirs, il n’aurait lui non plus, jamais songé à se marier. J’arrivais à point. Notre union était inscrite au grand livre des destinées.

De cette présentation faite par un homme de loi, naquit le bel amour ! L’été de notre existence humaine rayonnait. Voilà ma route arrivée au point de ralliement mon fils, passons à celle qui jusqu’à maintenant était parrallèle.

— Mère-qu’est devenu El Goelo ? Tu en as hérité ?

— Oui. Comme de tout ce que possédait ma tante. Nous avons longtemps voyagé à son bord avec ton père. Puis, il a eu des avaries, à présent il est sur la plage du Minihic retourné à l’envers. Je l’ai donné comme logement à la mère de Yanik. La quille en l’air, aménagé à l’intérieur en sens inverse de ce qu’il était, il constitue une relativement « confortable maison ». Tu pourras t’en convaincre, la vieille pêcheuse vit là et s’y trouve à merveille.

— Une robinsonnière, j’aimerais tant voyager comme toi, maman, s’il ne fallait te quitter. A présent, nous ne sommes que nous deux, nous ne devons pas nous séparer, ma petite mère chérie. Continue ton passionnant récit.

— Je ne sais pas tout. Dans ce que j’ai appris de la bouche de ton père, il reste une lacune que lui-même n’a jamais pu combler. Ainsi que moi, car en vérité il y a une grande analogie entre nos deux enfances vécues hors du cadre habituel des familles, hors du foyer paternel. Le Comte Tancrède de Luçon, ton grand-père et sa femme Solange de Vigand, possédaient des goûts identiques où leur amour avait germé. Ils aimaient la science, les recherches de l’antique, l’étude des anciens Grecs, leur architecture, leur poésie, leur civilisation, la première de l’Europe. Ils pouvaient satisfaire leur désir, ayant la fortune. Aussi résolurent-ils de faire un séjour d’études au pays d’Homère. A l’exemple de Lord Byron, de Châteaubriand, ils voulurent entreprendre une expédition dans l’Hellade. Ton père avait alors sept ans, on ne pouvait déranger ses classes. Il fut laissé aux soins de son parrain, le Vicomte