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I

PROLOGUE


Le Proviseur du Lycée Pascal à Paris, referma le livre de comptes qu’il venait de consulter, le posa sur celui : état et renseignements et, décrochant la téléphone placé sur son bureau, appela : … Allô ! Le Surveillant d’études ? … … C’est vous Rodel ?

— …

— … Bien. Voulez-vous m’envoyer l’élève de seconde : Tancrède de Luçon.

— …

— Merci, j’attends.

M. Fléchel eut un soupir, il passa la main sur son front, murmura :

— Voilà bien la plus pénible tâche de ma carrière, mais je ne suis pas le maître d’écouter le sentiment, chose toujours hostile à la prospérité d’une maison. Ah ! certes la bonté est une faiblesse, disent nos ennemis d’outre-Rhin, car elle fait souvent souffrir celui qui la pratique ou plutôt ne peut comme moi, en ce moment, la pratiquer.

Un pas vif dans la galerie, un coup léger frappé à la porte, coupa ces réflexions :

— Entrez.

Un grand garçon, au regard franc, au front intelligent, à l’allure décidée, robuste pour ses seize ans, ouvrit, salua et attendit.

— Asseyez-vous, mon enfant, dit le chef en montrant une chaise de l’autre côté de la table, nous avons à causer.

— J’écoute, Monsieur, fit l’élève dont les joues s’empourprèrent.

— Vous savez que les vacances de Pâques s’ouvrent demain, mon pauvre Tancrède.

— Oui Monsieur et sans doute, comme d’habitude, je n’irai pas voir maman, la route est longue et le prix des voyages est encore augmenté, je resterai tout seul ici.

— Non, mon ami, vous irez à Saint-Malo, au contraire.

— Ah ! fit le garçon effrayé, Maman est malade !