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— Oui, mais on est sûr l’un de l’autre. Je te dois de clôturer mon temps de collège en plaisir. Tu as jeté des roses sur les épines de ma route.

— Poète ! Veux-tu que nous allions visiter Grand’Mère aujourd’hui à Enghien ? J’ai une petite voiture à moi que je sais conduire… On frappe. Entrez. Qu’y a-t-il Francis ?

— C’est le Proviseur du Lycée qui demande Monsieur au téléphone.

— Bien j’y vais.

Il posa sa tasse, sa tartine et courut dans le bureau de son père. Celui-ci était déjà parti à la banque, sa femme et sa fille n’avaient pas encore quitté leurs appartements.

— Allô ! c’est moi : Onda, Monsieur le Proviseur.

— ……

— Oui, Tancrède est avec nous.

— ……

— Ah ! bon, tant mieux, je vais le garder, merci, Monsieur le Proviseur, au revoir.

Le descendant do l’Hellade revint en hâte, ravi :

— Hourra, mon vieux Tancrède, je te tiens. Ecoute un peu ce que m’a téléphoné le Proviseur. — « Dites à votre ami que je reçois une lettre de sa mère, elle s’excuse de n’avoir pas répondu plus tôt, elle est absente de Saint-Malo. Elle déclare reprendre son fils puisque ses études ne peuvent s’achever au lycée, mais elle prie Monsieur le Proviseur de ne l’envoyer que dans trois jours, parce qu’elle ne peut le recevoir avant. » Alors tu comprends, on te garde, on t’attache chez nous, pendant ces trois jours.

Tancrède éprouvait une angoisse. Pourquoi ce retard ? N’était-elle pas malade plutôt la tendre maman ? On lui renvoyait son fils et elle retardait son arrivée et dans de telles circonstances ! Elle qui le connaissait savait pourtant qu"après la signification du congé, il ne voudrait pas demeurer une journée de plus. Onda le regardait inquiet :

— Qu’as-tu ?

— J’ai peur. Pourquoi maman ne m’a-t-elle pas écrit à moi ?

— Il lui fallait répondre au Proviseur. Toi, elle t’attend. Trois jours, ce n’est rien. Veux-tu que j’envoie une dépêche ?

— Où ? Puisqu’elle n’est pas à Saint-Malo.

— En effet. N’exagère pas toujours les sujets de soucis, lève-toi, nous ferons un tour au bois, c’est joli le matin, après le déjeuner qu’on sert à une heure, nous irons à Enghien.

Tancrède céda au conseil alléchant. Plus tard, il saurait rendre cette gracieuse hospitalité, plus tard !… Oui, il