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liberté cordiale des réceptions mondaines admises de nos jours.

De la vaste salle à manger venait, joint au parfum du chocolat, des vins, du punch, un bruit de causerie animée, les hommes surtout étaient là. Les jeunes filles occupaient le jardin d’hiver, installées devant de petites tables que se chargeaient de garnir des jeunes gens, fleur à la boutonnière, sourire aux lèvres, empressés et joyeux. Les collégiens qui se présentaient en uniforme bleu aux boutons argentés, ne déparaient en rien l’ensemble joli. Tancrède grand, robuste, au teint mat qu’éclairait de superbes yeux noirs fiers et intelligents, des cheveux bruns, des lèvres rouges qu’aucune apparence de moustache ne dessinait, gardait l’attitude simple, digne, sans audace ni timidité. Onda radieux, son tendre regard bleu fixé sur sa mère présentait :

— Maman, je t’amène mon meilleur ami, le comte de Luçon, qui veut bien me faire le très grand plaisir de m’accompagner ici.

— Soyez le bienvenu, mon enfant, dit Madame Consouloudi en tendant la main au jeune homme qui s’inclina très bas, mon fils nous a tant parlé de vous, que je suis charmée de vous recevoir. J’espère que vous allez nous rester quelques jours.

— Merci Madame, je suis très heureux de saluer la mère d’Onda.

— Je vous conseille d’aller goûter tous les deux, ensuite vous vous amuserez, on joue au tennis au jardin, au Mah-jong dans le fumoir. Faites ce qu’il vous plaît, mes enfants.

Onda emmenait son compagnon, quelques visiteuses l’arrêtaient au passage, amicales envers le fils de la maison hospitalière où chacun était à l’aise, jouissant du confortable luxueux des choses.

— Quels charmants garçons ! fit une invitée, exprimant ainsi l’avis de toutes. Voyez ces deux collégiens, ils forment un contraste absolu, également sympathique.

— C’est vrai, approuva la maîtresse de maison, c’est sans doute pourquoi ils s’aiment tant.

Marie, à la vue de son frère quittait vivement sa table :

— Viens, petit frère, il y a place pour toi... Ah ! tu amènes ton camarade. Tancrède, sans doute ? Elle tendait sa main, un sourire aux lèvres et, comme t’arrivant s’inclinait, elle ajoutait :

— Belle idée de nous venir, Monsieur, depuis si longtemps nous vous connaissons... subjectivement. Voulez-vous vous asseoir avec nous, Une tasse de thé ?

— Non, riposta Onda, nous allons choisir au buffet ce qui nous convient.