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DEUXIÈME PARTIE 67 Entre autres actes destinés à exercer sa patience, la Reine Marie-Amélie s’imposait le sacrifice d’attendre pour lire les lettres qui appelaient le plus son désir. Elle les plaçait à part sur son bureau et s’attachait à ouvrir d’abord les plus insignifiantes, à s’y intéresser, à y répondre, à ne causer aucune peine de déception à ceux qui jetaient à ses pieds leur espoir. Ce n’était que plus tard, après avoir longtemps souhaité la joie attendue, que Sa Majesté prenait enfin le papier ardemment convoité et le dépliait lentement, Gâtant son ardeur, ordonnant à ses nerfs une résistance capable de les obliger à servir sa volonté. Ce petit fait, dont tous ceux qui vivent loin des êtres aimés apprécieront la portée, avait frappé l’attention de Son Altesse loyale et Elle s’exerçait au même mérite. Elle s’imposait de ne jamais sourire à une Pointe malicieuse, et non plus de ne céder en rien aux plaisirs des discours légers, spirduels et mordants. Elle n’admettait que le calme réfléchi des paroles d’où nulle inten-Hon blessante ne pouvait ressortir. Et cependant, Elle ne redoutait jamais de dire franchement son avis et de donner des