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PROLOGUE

Le crime,

— Au revoir, Dieu te garde, mon Renaud, qu’il te ramène, mon fils 1 — Au revoir, maman chérie !

Leurs yeux, malgré leur effort, s’embuaient de larmes, quand le rapide de Paris démarra lentement de la gare de- Toulon, emportant Mme de Rivesalte. Le jeune officier de marine, resté sur le quai’ de départ, suivit du regard, tant qu’il le put, le long train sombre entraînant foin de. lui sa mère, celle qu’il n’avait jamais quittée, celle qui lui avait consacré sa vie, dont il était l’honneur et la joie.

Veuve à vingt-cinq ans, mère d’un unique’ enfant de sept ans, la jeune femme s’était exilée dans son manoir de Loc-Ronan, pour y élever son cher petit qu’un drame terrible avait fait orphelin. Le capitaine de vaisseau Ronan de Rivesalte (i) avait été assassiné et dévalisé lors d’une escale de soir navire sur les côtes d’Afrique, pendant laquelle il avait fait une excursion à travers les terres. Ses hommes ne le voyant pas rentrer à bord avaient découvert son corps criblé de blessures et ses poches vides. Toutes les recherches pour dépister le criminel avaient été vaincs et l’affaire Cnit par être classée.

En souvenir du bien-aimé disparu, Mme de Rivesalte avait fait construire’ une chapelle où se dressait la statue de saint Ronan, qu’à chaque septénaire, à la Grande Troménie (2), le long cortège des quatre paroisses visitait. Son fils et elle se rendaient souvent au petit sanctuaire commémoratif pour prier, se rappeler les moindres actions de celui qui n’existait plus visible pour eux, mais dont la pensée constante ne les quittait pas. Seulement, les récits de la vie du marin avaient fait germer et grandir] au cœur de Renaud l’amour de la mer, le désir d’être, lui aussi, plus tard, officier de marine et d’aller là-bas, où le capitaine avait trouvé la mort, chercher encore les traces fugitives de son passage. La mère, en voyant le ? . (1) L’alliance de ces noms de Bretagne et de Roussillon vient d’un mariage dé l’aïeule.

(2) Procession immense dans un parcours long et difficile qui s’accomplit tou^ ièi sept, ans*- é