— Oh ! Monsieur, fit la mère, en saisissant son bien, comment vous remercier.
— Sans vous, ajouta sa fille, je n’aurais pas pu joindre le train et le sac serait loin. Quelle adresse, sauter à la vitesse déjà accrue !
— Ce n’est rien, Mesdames, revenez donc achever de souper, le rapide de Modane part dans un quart d’heure.
Ils allèrent se remettre à table où Mme de Val d’Ombre les attendait.
— Madame exprima la voyageuse, enthousiaste, votre fils nous a rendu un immense service.
— Et si habilement !
— Vérifiez donc, Madame, si rien n’a été dérobé dans votre sac.
— Oh !
Vivement elle l’ouvrit, elle en tira ses billets, un portefeuille, un stylo, des gants, un chapelet, une enveloppe.
— Non, rien ne manque, dit la jeune fille. Voyez cette lettre, Monsieur, elle est pour le Cardinal Merry del Val qui doit nous présenter au Saint-Père. Si nous l’avions perdue !
Mme de Val d’Ombre souriait :
— Maintenant, tout est pour le mieux.
Le silence retomba entre les voisins de table, l’incident était clos ; ils ne se connaissaient pas. Le hasard les fit se retrouver dans le même compartiment au train d’Italie. Ils avaient des couchettes superposées. Il ne restait plus qu’à dormir.
Discrètement, Roc-Marie quitta le wagon, afin de laisser aux trois femmes la liberté de s’installer. Le train de luxe, assez court, mais comble, filait à toute allure dans la nuit. Le jeune homme suivait le couloir, regardant le ciel tourmenté où se bousculaient les nuages d’où parfois émergeaient la lune et quelques étoiles. Il pensait au petit incident de la soirée. Cette jeune fille est jolie et simple ; évidemment, elle appartient à notre milieu social ; quelle attractive enfant ! Elle s’appelle Yolaine, j’ai entendu sa mère la nommer ainsi. Comme les circonstances nous rapprochent !
Il ne se pressait pas de rentrer. La vitesse était vertigineuse, une petite gare venait de filer dans la nuit avec un éclair de clarté. Le couloir était désert ; chacun voulait reposer. Roc-Marie consulta sa montre :
