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loin pour une Française et peut-être bien, elle aura souvent besoin d’un compatriote. »

Hans n’entendit pas ces mots, cette buée floconneuse qui les enveloppait le glaçait. Il avait allumé un cigare. Puis il vint s’asseoir près de sa femme et étendit sur elle un pan de sa pelisse de fourrure.

« Oh ! ma petite Mouette, dit-il, ne regrette pas ton nid, celui où je t’emmène a bien plus de soleil et de chaleur. »


DEUXIÈME PARTIE

En Allemagne

CHAPITRE PREMIER


Le rendez-vous avait lieu à Baumwald dans les grands bois. Les vingt chasseurs animés d’une ardeur excitée sans cesse par le cor et les abois de la meute suivaient au galop le vieux solitaire. Les branches leur fouettaient le visage, la chaleur était accablante malgré la saison avancée ; mais telle était leur passion que rien ne les arrêtait.

Au premier rang, Hans Hartfeld.

Tout à coup, le sanglier harcelé fit tête à la meute, s’ouvrit un passage à coup de défenses et se précipita au milieu de la chasse.

Les chiens cherchaient à le coiffer sans y parvenir, alors le comte mit pied à terre, le couteau à la main et suivit résolument la bête furieuse jusqu’à une petite rivière où elle s’enfonça et se perdit dans la végétation aquatique.

« C’est le solitaire de Baumvald, le diable en personne, s’écria l’officier très en colère, voilà bien dix fois que la même chose m’arrive, je le perds toujours dans l’eau ou dans un fourré, ou dans un souterrain.

— Tu finiras par le perdre en haut d’un arbre, » fit Alexis Rosaroff en riant.