Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Michelle, très pâle, pénétrée de l’importance du grand acte qu’elle accomplissait, contint cependant ses larmes et pria du fond de l’âme. Le bon curé ne put jamais articuler le petit discours qu’il avait préparé, tant l’émotion lui étreignait la gorge.

Le comte Hartfeld était radieux. Il mit une poignée d’or dans le plateau que lui tendit Yvonne Lahoul, au moment de la quête.

Après la cérémonie religieuse, un déjeuner réunit tout le monde à la villa Roussalka. La vieille marquise avait essayé de recevoir chez elle, mais pour lui éviter l’embarras et la fatigue, la bonne Rita avait allégué la difficulté du passage à marée haute.

« Voyez-vous, marquise, avait-elle dit gaiement, tous vos invités bloqués à la Roche-aux-Mouettes pour six heures ! et vos deux vieux amis bretons trouveront infiniment plus de charme à descendre de voiture au bas du perron de la Roussalka, qu’à escalader vos rochers. Vous présiderez, par exemple, ce repas de famille avec mon mari en face de vous. »

La douairière avait consenti. Elle était réellement brisée, à bout de force, et quand elle dut refermer le soir du départ, la poterne sur sa petite-fille, des larmes amères, cuisantes, désolées coulèrent le long de ses joues. Alors, elle se retourna vers Rosalie qui, appuyée contre le chambranle, sanglotait éperdument. La maîtresse, dans son im-