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Michelle avait caché, sans le dire, une bourse pleine d’or au fond du secrétaire de la vieille marquise. Hans l’avait voulu ainsi pour parer à un besoin pressant. Il avait acheté à Lahoul une barque neuve qu’il baptisa la Petite-Mouette, à la joie de tous. À la prière de Michelle, il offrit encore à l’autel de la Vierge un diadème et un cœur d’or, à l’intérieur duquel il consentit à écrire son nom avec celui de sa chère fiancée.

La reconnaissance de Michelle augmentait sans cesse ; elle aimait vraiment cet homme, qui se montrait si parfaitement désintéressé et délicat.

Un matin de novembre, elle sortit, toute blanche, de la Roche-aux-Mouettes, appuyée sur le bras du prince Rosaroff, qui lui servit de père en cette solennité. La vieille marquise suivait, accompagnée du comte Hartfeld. Deux compagnons d’armes du marquis de Caragny, le vicomte de la Roche-Landry et le baron de Kermoël, escortaient la princesse Rosaroff et Mme Carlet. Malgré leur grand âge et leurs infirmités, ces deux anciens preux des luttes vendéennes avaient tenu à apporter à la petite-fille de leur chef d’autrefois, le témoignage de leur amitié, à sa grand’mère, celui de leur vénération.

La famille Lahoul, au grand complet, et superbement endimanchée, venait en tête d’à peu près tout le village qui se pressait dans l’église avec une curiosité sympathique.