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XI


La connaissance de la marquise de Caragny et de la princesse Rosaroff se fit très facilement. La bonne Rita plut à la douairière et fit de suite la conquête de Michelle. Avec un tact, venu du cœur, la jeune femme sut arranger les choses, sans froisser personne. Elle se rendit avec Michelle à Saint-Malo, fit les emplettes les plus urgentes, et commanda à Paris une corbeille digne de la femme du comte Hartfeld.

Hans ne trouvait rien d’assez beau, et Michelle, se croyant en plein conte de fées, se laissait conduire avec un peu d’ahurissement, beaucoup de résignation, gardant l’absolue et consolante certitude, qu’elle accomplissait la volonté divine.

Un soir, que les deux nouvelles amies rentraient ensemble de Saint-Malo par le bac de Dinard et reprenaient à pied le chemin de la Roussalka, qui était aussi celui de la Roche-aux-Mouettes, sise un peu plus loin, Michelle se souvint, tout à coup, d’une soirée semblable à celle-ci, où elle précédait sa mère dans l’obscurité de la campagne.

Elle se rappela cette belle villa éclairée et attrayante qu’elle avait côtoyée, haletante, chargée, si pauvre ; aujourd’hui, elle en franchissait le seuil, la princesse Rosaroff lui disait :