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« Demain, voulez-vous m’attendre à la Roche-aux-Mouettes, vers 4 heures ? Je conduirai ma parente à Mme de Caragny.

— Je serai heureuse de connaître quelqu’un des vôtres. À présent, laissez-moi aller parler au père Lahoul, de l’enlèvement de Minihic.

— Allez donc, Michelle et que jamais aucune entrave à vos rêves ne vienne de moi. Au revoir, mon enfant, à demain. »

Ils se serrèrent la main avec un regard attendri ; lui, reprit lentement le chemin de la Roussalka, tandis que la jeune fille remontait la falaise pour gagner la cabane du pêcheur. Lahoul appareillait, il allait lever ses casiers sous la tour du jardin.

« Je monte avec vous, père Lahoul.

— J’en serai bien content, Mademoiselle Michelle, on dit comme ça que vous allez nous quitter et quand vous serez une grande dame de la cour, vous ne nous aimerez plus, vous ne nous regarderez même plus ?

— Quelle triste opinion vous avez de moi, mon vieil ami !

— Dame, c’est la peur que j’en ai. Et puis, en tout cas, on ne se verra plus.

— Je viendrai souvent. Vous pouvez me faire un grand plaisir, mon ami.

— Ah ! ça tout de suite. Je vous enverrai du poisson là-bas. Sur le plancher des vaches, on pêche plus de lièvres que de langoustes.

— Probablement, mais ce n’est pas cela, mon bon Lahoul, que je sollicite de votre amitié, c’est beaucoup plus. Donnez-moi Minihic.

— Minihic ! pourquoi faire ?

— M’accompagner là-bas, pour que j’aie quelqu’un du pays avec lequel je puisse causer de vous tous. J’emmène Trilby aussi. »