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La jeune fille leva sur son interlocuteur un regard reconnaissant : sa tâche vraiment lui semblait facile ; le bon curé avait bien raison de dire : « Les circonstances aident les croyants. »

Elle continua, encouragée, timide quand même, tant elle prenait sur sa force morale, pour énoncer, en une fois, ces conditions, conclure ce… marché.

« Vous me permettez toujours d’emmener, si son père y consent, mon fidèle Minihic ?

— Qu’est-ce que Minihic ?

— Le mousse dont je vous ai parlé : le fils du matelot Lahoul.

— Oui, oui, sans doute, prenez aussi une femme de chambre, si vous le souhaitez.

— Non. Je n’en connais pas ; je n’ai jamais songé à me faire servir en quoi que ce soit.

— Vous changerez, mon enfant, vous devrez prendre d’autres habitudes, réformer l’organisation de vos jours, recevoir et aller dans le monde, représenter dignement la comtesse Hartfeld. »

Michelle, à ces mots, leva sur son interlocuteur son franc regard, et les joues un peu rosées, mais très simple, elle dit :

« Je saurai être ce que vous souhaitez que je sois ; j’ai encore, à vos yeux, l’allure très sauvage, mais j’ai eu au couvent une bonne éducation, et je sais, par grand’mère, les usages du monde. Puis, votre sœur Edvige m’aidera de ses conseils.