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« Comme tu es habile, ma chère Michelle ! je te devine en tout cet arrangement. »

L’enfant eut un rire de joie avec des larmes d’attendrissement dans les yeux. Comme elle était payée de sa peine !

Elle se mit à ranger les bagages, aida à la toilette de nuit de sa mère, puis, comme Rosalie l’appelait d’en bas pour mettre les barres de fer aux portes et clore jusqu’au lendemain, elle partit en courant. La vieille servante et l’enfant, unissant leurs efforts, parvinrent, ainsi qu’elles le faisaient chaque soir, à faire glisser dans les rainures les lourdes traverses qui tenaient les volets, puis, Michelle, expansive et joyeuse, mit deux baisers sur les joues ridées de Rosalie, et se sauva enfin dans sa tour où, brisée de fatigue, elle s’endormit aussitôt sa prière faite.

Au matin, de bonne heure, comme d’habitude elle s’éveilla. Six heures ! Le soleil arrivait au sommet des grands tamaris ; il fallait sauter du lit, filer au jardin, cueillir les légumes, les fruits avant la chaleur, pendant que Rosalie préparait le déjeuner. Ce fut très vite accompli toute cette besogne, et quand la sonnette de la douairière vibra, le lait était chaud, le pain grillé. L’enfant prit le plateau, monta légèrement le grand escalier de pierre, et vint, ainsi qu’elle le