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ses chaussettes grises, son gros jersey blanc tricoté par Rosalie et son béret bleu de matelot planté au hasard sur ses boucles rousses.

Elle n’avait aucune coquetterie native, se trouvait à l’aise et ne songeait pas à son peu d’élégance.

Sur le chemin déjà tracé à cette époque s’élevaient de jolies villas bâties et habitées par des étrangers tentés et retenus par la beauté du site. À une fenêtre d’une des plus agréables maisons sur le balcon de laquelle on lisait ce nom bizarre : Roussalka[1], un homme tenant en main une longue-vue marine inspectait la mer. À la vue de la petite voyageuse il avait baissé sa lunette et maintenant il descendait le perron conduisant à la grille du jardin.

C’était un homme d’une quarantaine d’années, très grand, taillé en hercule, à forte moustache blonde. Il portait un complet de flanelle blanche.

Tiens, se dit Michelle, le drôle de personnage, il ne ressemble pas à nos Bretons, quand il lève les yeux on dirait l’éclair d’un sabre. Et elle marcha plus vite. À déjeuner, elle dit :

  1. Syrène. Chaque villa sur cette côte porte un nom par lequel on la désigne. Roussalka est un mot russe qui veut dire syrène.