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sable ensoleillé ; elle reverra cette matinée en face de l’immense horizon mouvant, et dans le rude combat de ses jours, elle pensera souvent, la Mouette voyageuse, au nid solitaire caché au creux des rocs… Mais, si houleuses que soient les vagues, si âpre que soit la bise, toujours au-dessus des nuages, l’éternel bleu des croyants resplendira.


VI


Quelques jours s’écoulèrent, heureux pour l’enfant qui s’acclimatait à ravir ; peu à peu elle conquérait sa grand’mère, dont la solennité ne l’effrayait plus. Elle marchait gravement près d’elle pendant la courte promenade que faisait chaque jour la vieille marquise et si elle n’arrivait pas à parler encore d’une manière convenable, elle s’y essayait du moins avec une extrême bonne volonté.

Un rude chagrin par exemple ce fut d’aller en classe, de se tenir correctement devant un pupitre avec des élèves appartenant aux familles nobles de Bretagne, de se voir fréquemment punie pour ses façons.

À la longue, elle s’y fit cependant, trouva un réel charme à l’étude et obtint aux prix de beaux succès.

Sa grand’mère la complimenta avec effusion, Rosalie pleura de joie, et les vacances furent un rêve délicieux.

Huit années s’écoulèrent ainsi avec la régularité monotone des mêmes devoirs pieusement accomplis. Les bonnes religieuses qui avaient admis Michelle sans rétribution, par égard pour sa grand’mère, trouvaient en son application, en sa piété, la récompense