IX
Michelle éprouvait un peu de quiétude en son âme endolorie, l’existence simple où s’écoulaient ses jours, le travail quotidien avaient amené par la distraction forcée du devoir accompli le calme après l’agitation. Cette nouvelle étape de sa destinée orageuse s’arrangeait en somme assez paisible. Les actions de la mère et de l’enfant avaient une régularité monacale, illuminée de leur tendresse.
Les soirées entre eux deux étaient un charme, ils sortaient jusqu’à la nuit pour respirer en dehors des fortifications, puis ils rentraient ; l’enfant dormait, et la mère travaillait à ses traductions jusque vers minuit.
Malgré elle, et seulement par bonté, elle avait dû répondre aux avances de sa voisine, la brave blanchisseuse. Le peuple s’aide et se lie vite. Mme Pierre avait cru sa voisine née sur le même échelon social qu’elle. Et dès le lendemain de l’installation elle lui avait dit quelques mots de bienvenue.
Cette femme avait un enfant de l’âge d’Henri nommé François, et cette circonstance avait été un rapprochement entre les deux mères. Les deux enfants jouaient ensemble sur la petite terrasse commune les jours de congé ! Michelle avait mis son fils à l’école des Frères du quartier.