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guant le bien-être de leur immense fortune.

Elle avait fini par apprendre par la police que Michelle était à Paris, et un instant elle avait hésité à la traquer, à la poursuivre. Puis, lasse, très souffrante elle aussi, de douleurs rhumatismales, elle finit par se tenir tranquille, influencée malgré elle par l’attitude de Wilhem. L’enfant, toujours le premier au collège, était remarqué par ses maîtres et estimé de tout l’entourage avec sa gravité précoce, son attitude sérieuse de jeune chef de famille.

Il remplissait près de sa sœur, avec une bonté condescendante, un rôle au-dessus de son âge. Il avait réussi à obtenir pour elle une institutrice catholique.

Au printemps, Wilhem fit sa Première Communion avec une ferveur d’ange. Sa tante y assista de loin, mal à l’aise dans un milieu où elle était loin de son centre. La veille au soir, l’enfant lui avait dit gravement. « Tante, si je t’ai fait de la peine, pardonne-moi. Quant à moi, je te pardonne, tante.

— Mais tu n’as rien à me pardonner, mon neveu.

— Si, tante, et quand vous serez prête à partir auprès du bon Dieu, vous serez contente de le savoir. J’aurais été heureux d’embrasser maman aujourd’hui… »

La tante, sans répondre, s’était penchée vers Frida pour reprendre avec elle l’examen des images qui l’occupaient. Seulement, au bout d’un instant, Mlle Hartfeld s’aperçut qu’il y avait sur ses lunettes une buée anormale, et elle les enleva pour les essuyer, sans se rendre absolument compte que ce brouillard n’était autre que deux larmes de déception…