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malheur ! Vous si bonne pour nous tous ! Comment cela se fait-il que vous ayez trahi l’Allemagne ?

— Je n’ai trahi personne, Mina ; croyez-le, dites-le.

— Hélas ! Madame la comtesse, il nous est interdit de prononcer votre nom.

— Mina vous êtes mère, vous me comprendrez, il faut que je voie mes enfants.

— Comment faire, Madame, ils sont gardés à vue, je ne suis jamais seule avec eux. Un courrier vient d’arriver avec un ordre portant de les habiller en deuil. Ils n’iront pas à l’enterrement de leur père auquel toute la ville assistera, le gouvernement prenant les frais à sa charge, mais on fera ici un service à la chapelle catholique des moines, puisque, paraît-il, M. le comte avait changé de religion sur la fin.

— Sans doute, on m’empêchera de pénétrer dans l’église aussi bien qu’ici ?

— Les ordres sont déjà donnés à ce sujet, Madame la comtesse.

— Mon Dieu ! que font maintenant mes pauvres enfants ?

— Les garçons pleurent à fendre l’âme, ils appellent leur père et leur mère. Frida joue…

— Mina, au nom de tout ce que vous aimez, aidez-moi à embrasser mes enfants, ne fût-ce qu’une fois. »

La bonne femme était ébranlée, elle réfléchissait.

« Je me perds sans doute en vous servant, Madame, mais vous me faites tellement pitié que je vais essayer de vous favoriser le passage cette nuit.

— Dieu vous récompensera, Mina.