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— Je ne puis partir sans voir mes enfants.

— Il faudra cependant vous y résigner, Madame.

— Mais ils sont donc prisonniers, car enfin aucun d’eux ne me repousse, j’en suis sûre.

— Madame, ils sont bien soignés et attentivement surveillés ; ils ne doivent sortir du château que lorsque nous aurons la certitude que vous avez quitté le pays. »

Michelle se leva, roide, glacée. Elle reprit le chemin qu’elle venait de parcourir, franchit la grille, et, quand elle l’eût entendue se refermer à double tour de clé, elle s’assit, fléchissante, sur le bord du fossé.

Il lui était impossible de prendre un parti, impossible de réfléchir, son cœur se brisait, voilà tout.

Le soleil montait radieux dans le ciel, il vint un peu réchauffer ses pauvres membres engourdis.

Dans le château, l’animation du travail journalier commençait, les gens de service se montrèrent derrière les grilles inexorablement fermées. La matinée se passa. Un courrier vers midi apporta une dépêche. Michelle le vit entrer et sortir, mais n’eût aucun renseignement.

Quand la nuit commença à tomber, aucun des enfants ne s’était glissé dans le parc. Alors Michelle se leva, elle fit lentement le tour des murs, et, comme elle passait devant les remises, elle entendit des voix, elle reconnut celle de Mina, la nourrice de Frida.

« Mina ! » appela-t-elle.

Le silence se fit aussitôt.

« Mina ! répéta la pauvre mère. »

Alors une femme parut, elle sortit par la porte de service, vint sur la route.

« Ah ! Madame la comtesse, dit-elle, quel