— Hans, vous êtes injuste, violent, cruel souvent. N’avez-vous jamais réfléchi que sauf vous ici, je n’avais ni protecteur ni ami, et que si vous m’abandonnez, je suis comme une biche dans une meute exposée à toutes les morsures.
— Vous avez un parti pris contre nous, une défiance de race, jamais vous n’avez voulu vous assimiler à ma famille. »
Elle sourit, les yeux pleins de larmes.
« Votre famille, c’est Edvig seule, Edvig dont la malveillance sur moi s’exerce sans cesse, elle trouble votre repos en m’accablant près de vous, elle grossit les nuages à plaisir.
— Vous blâmez, Michelle, pour tomber dans la même faute.
— C’est juste, j’ai tort, mais j’ai mes heures moi aussi d’infinie lassitude ; l’atmosphère pour moi est lourde ici ; où est le crime d’avoir voulu m’intéresser à une œuvre charitable ? Vous-même l’avez trouvé bon d’abord.
— Ces Freeman sont des ennemis. Albert est à l’affût de tous nos actes pour en instruire la France. Il vous attire pour obtenir de vous des révélations.
— Jamais il ne m’a parlé politique.
— Il cache son jeu ; n’y retournez pas, Michelle, je vous en prie.
— Je renoncerai encore à cette joie, fit-elle en soupirant, ne vous inquiétez plus, mangez un peu.
— Non, je souffre. Ma tête me brûle. »