— Je crois bien que je la connais ! Elle est venue chez nous, à Lomont, avec le général, pendant que tu étais, toi, en otage et que moi, je gardais notre maison réquisitionnée par les Prussiens.
— Ah ! vas-tu renouveler connaissance ?
— Certainement. Je l’ai jugée bonne et bien Française ; elle est ici comme nous, obligée de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
— Tais-toi donc ! si on t’entendait ! L’empereur nous comble d’attentions. Il veut absolument s’attacher l’Alsace.
— Quant à cela… »
Le député interrompit sa femme :
« Si ce n’était à cause de notre industrie, de nos pauvres ouvriers qui resteraient sans pain, si j’émigre, crois-tu que je serais député au Reichstag ?
— Je sais que tu le fais par dévouement. C’est un poste aussi pénible qu’honorable.
— Tiens, voici encore la comtesse Hartfeld qui passe. Regarde, quelle ravissante toilette ! Comme on devine bien une Française, entre ces épaisses Teutonnes. Vraiment, elle a sur l’épaule un étrange bouquet : un bluet, une rose blanche, une rose rouge, une vraie cocarde tricolore, ma parole ! Elle affiche crânement ses couleurs, et ici ! Bravo ! j’aime l’audace. Et l’aigrette qui est dans ses cheveux : saphirs, diamants, rubis, toujours le drapeau. »
Michelle avait un peu changé ; son visage,