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« Allez, Hans, l’heure de votre départ ne doit pas être retardée. On vous attend où vous avez des devoirs. En passant, prévenez notre bon recteur qu’il vienne aussitôt. »

Et, comme le général l’embrassait en pleurant :

« Remercions Dieu, dit-elle. Il me l’avait donné, il me le reprend avant qu’il ait achevé la route pénible des jours ; que son saint nom soit béni. »

Elle alluma les candélabres, mit entre eux le grand crucifix d’ivoire, le bénitier, et se mit à prier.

Quand le prêtre parut, Max, dont l’oppression gagnait sans cesse, lui tendit le petit papier, le dernier, où s’épanchaient les défaillances suprêmes de son âme pure. Le curé le lut rapidement, le fit flamber à une bougie ; puis agenouillé près de lui, il récita les prières et les exhortations des mourants.

Alexis et Rita, l’un près de l’autre, sans une larme, avec un calme résigné, s’associaient à la cérémonie dernière.

Yvonne sanglotait ; Lahoul, que le général avait appelé en passant, laissait tomber de grosses larmes sur sa rude barbe blanche.

Quand le soleil plongea, le soir, dans la mer, Yvonne rentra dans la chambre avec des gerbes de chrysanthèmes blanches qu’elle épandit sur le lit du soldat français, devenu russe, et que la patrie blessée avait reconquis pour l’éternité…

Quelques jours plus tard, la paix était signée. Mme Rozel et son fils s’embrassaient longuement. L’abbé Rozel, que le long siège de la capitale avait tenu sans cesse sur la brèche, au poste de consolation que le clergé de Paris sut, à cette époque néfaste, si admirablement remplir, regardait son neveu avec une fierté attendrie.

Et comme le jeune homme s’agenouillait devant lui pour avoir sa bénédiction, il dit :