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« Mon cher Hans, vous êtes encore blessé et je ne suis pas là ! Vous savez si mon cœur souffre avec le vôtre : malheureusement, je ne puis vous rejoindre : on dit la France impossible à traverser. Minihic m’a écrit quelques mots au crayon, et c’est à ce brave garçon que je dois de savoir où vous êtes maintenant…

— Minihic, interrompit le général, comment cela se fait-il ? »

La lectrice continuait :

« Il me promet d’autres nouvelles, en tous cas, ayez pitié de mon angoisse et faites-m’en donner au reçu de cette lettre. Nous menons ici une existence torturante, au milieu des cris de douleur de nos malheureux blessés. Edvig et moi ne les quittons guère. J’ai eu, parmi eux, une ancienne connaissance : Georges Rozel…

— Mon fils ! s’écria l’infirmière.

— Quoi, votre fils ! Vous êtes Madame Rozel ?

— Oui. »

Elle continua d’une voix étranglée.

« Il s’est vite remis ; puis, je ne sais comment il est parvenu à s’échapper avec Minihic, dont la vie ici, avec les autres domestiques, n’était plus tenable. Nos enfants vont bien. Ils prient pour leur père et lui tendent les bras à travers les batailles. Au milieu de vos douleurs, Hans, invoquez la Vierge Marie, consolatrice des affligés.

À vous,

Michelle. »

« L’envers de cette page est remplie d’une autre écriture, dit Mme Rozel, ce sont des caractères allemands et je ne puis lire que la signature : Edvig. Mais un de nos docteurs comprend l’allemand. Je vais le prévenir et vous l’amener. »