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Yvonne avait compris. Elle toucha l’épaule du docteur, et, sans mot dire, montra d’une expressive mimique la princesse, la porte, et son bras à elle, son bras ferme où le pouls battait, rythmé et normal.

Le docteur saisit l’éloquence admirable de cet appel, et usant de stratagème :

« Madame la princesse, montez à votre appartement, couchez-vous, j’irai vous trouver au moment opportun, vous pouvez avoir confiance en moi. »

Alexis entraîna sa femme, lui fit boire la solution indiquée par le docteur et qui n’avait d’autre but que d’endormir la princesse, et il redescendit rapidement.

Yvonne, le bras découvert, regardait tranquillement le docteur savonner une fraction de sa peau. À l’aide d’une seringue de Pravaz, il faisait des injections sous-cutanées de cocaïne et d’eau distillée ; puis, rapidement, avec son stylet, il traça le circuit.

L’enfant pâlit. Le docteur fit un signe ; le prince aussitôt lui mit sur les narines un mouchoir imbibé de chloroforme. Il le maintint un instant, puis la petite Bretonne se renversa sur le dossier du fauteuil, elle balbutia des mots, elle entendit des cloches, de la musique, puis resta inerte.

En une minute, rapide et tranchant, l’acier fit son œuvre, enleva cette chair vive et saine et l’appliqua sanglante sur le pauvre visage du blessé, tandis que le prince faisait,