jours à l’affût des nouvelles de Max, qui se battait dans le Nord.
Et l’abbé Rozel et Mme Rozel ? Enfermés dans Paris, sans doute. Combien sans leur Georges était triste l’isolement inquiet de leurs jours. Une idée généreuse traversa la pensée de Michelle à ce moment. Si elle écrivait à Mme Rozel, si elle la rassurait au sujet de son fils, qui était maintenant guéri et à l’abri de se battre désormais, puisqu’il était prisonnier. Oui, elle avait vraiment une bonne pensée d’envoyer quelques pages à cette pauvre mère. Avant de se coucher, elle allait accomplir ce devoir.
Michelle commença sa lettre près de la fenêtre ouverte ; il faisait une chaleur lourde, un vent orageux choquait les branches les unes contre les autres avec des grincements bizarres. Des chouettes se répondaient, des sons venus des petites bêtes — saisissables seulement la nuit — s’entendaient au milieu du silence. Les pas des factionnaires écrasaient le sable, et soudain Michelle tressaillit.
Elle entendait deux voix sous sa fenêtre, deux murmures plutôt. Elle vit deux ombres s’élancer, et elle comprit ! des prisonniers fuyaient. Lesquels ? Rien n’était facile à distinguer dans ce noir, mais c’étaient des Français derrière les lauriers, elle les devinait.
Le soldat de garde avait tourné la tête, il s’était arrêté. Si ces malheureux étaient aperçus, ils étaient aussitôt repris et fusillés.
En une minute, un monde de sensations diverses jaillit de la pensée de la jeune femme. Les sauver ? oui, certes, mais comment ?
Le soldat entendait du bruit, il fallait à tout prix détourner son attention, l’appeler ailleurs.
Elle lança son éventail à terre ; la sentinelle, sans cesse aux aguets, accourut,