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à coup, par une éclaircie, ils aperçurent une large plaine d’argent.

« Le Rhin ! exclamèrent-ils, l’autre rive est la Suisse !

— Mais comment franchir le fleuve ? »

Ils tombèrent épuisés sur la rive, haletants, leurs genoux fléchissaient malgré eux, et ils durent se reposer, réfléchir.

« Nager ? interrogea Minihic, moi, cela ne m’effraye pas, mais vous !

— Moi, je nage mal, puis j’ai le bras gauche qui ne vaut pas grand’chose. Cherchons un pont, un bac, un pêcheur…

— En attendant, j’en bois de l’eau du Rhin, à la santé de la France ! »

Le Breton emplit sa main plusieurs fois, Georges en fit autant ; puis, courageux, ranimés par cette fraîcheur, ils se mirent à longer le fleuve.

« Amont ou aval ?

— Voilà, où sommes-nous ? Au hasard encore, Dieu nous protège.

— Et d’une manière bien visible, mon capitaine : jusqu’à présent, pas une alerte, même ce factionnaire de Rantzein qui semble s’être éloigné pour nous faire plaisir. Et c’est réellement bien extraordinaire, je ne l’ai jamais vu changer ainsi sa consigne. On l’aurait dit de connivence avec nous. À moins que…

— À moins que… à moins que… dis donc ce que tu penses ?

— Que Mme la comtesse ne nous ait aperçus et… »