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PREMIÈRE PARTIE

En Bretagne

CHAPITRE PREMIER


Comme la misère honteuse entrait sans permission par la porte béante du vieux château de la Roche-aux-Mouettes, la marquise de Caragny appela sa fille occupée à ressouder, comme elle le pouvait, avec un fer chaud, les petits carreaux de la fenêtre dans leur cadre de plomb.

« Viens, ma chère enfant, tu ne réussiras jamais à mettre le froid et le vent dehors ; ils entrent en maîtres chez nous, et je crois l’heure venue de te confier une offre qui m’est faite, un moyen d’étayer nos vieilles ruines. »

La jeune fille s’approcha curieuse, vint s’asseoir sur un coussin troué aux pieds du fauteuil de chêne de sa mère. Elle leva le front, et le regard des deux femmes se confondit ; elles se devinèrent.

« Oui, dit la marquise, oui, c’est le seul moyen, une mésalliance…

— Oh ! mère.

— Pierre Carlet est loyal, il a de nobles sentiments, il est d’une exemplaire piété.