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Rozel, qui restait convaincu de sa trahison, ainsi qu’un concours fatal de circonstances pouvait le lui faire croire en effet. Le jeune homme ne lui adressait ni un regard, ni un mot : la plupart du temps, il priait en silence, méditant les souffrances du divin Maître, auquel il offrait les siennes.

Après de longs jours de marche, ils arrivèrent à Ludow, forteresse où les prisonniers valides devaient être internés, tandis que les blessés fileraient sur Rantzein. Georges Rozel était du nombre de ces derniers. Depuis quelques jours, en proie à une fièvre ardente, il s’était laissé approcher, ne reconnaissant plus personne, couché dans le cadre de la voiture, entre deux autres soldats. Il appelait sa mère…

Ce fut ainsi que le triste cortège entra dans l’avenue du château des Hartfeld. Un courrier avait précédé le convoi et tout était prêt pour l’arrivée. Michelle fit prendre la tête à sa voiture et arriva d’une allure plus rapide. À moitié route, Wilhem et Heinrich, accourus au-devant de leur mère avec leurs bonnes, s’élancèrent près d’elle.

« Mes chers petits ! »

Et elle les pressa longuement contre son cœur.

« Enfin, mère, tu reviens, dit Wilhem, tu ramènes pas papa ?

— Non, mais il va revenir bientôt.