Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La matinée était superbe, le soleil descendait entre les feuilles déjà roussies au sommet des arbres, en cette fin d’août.

Elle marcha un quart d’heure environ, sans voir la fin du couvert. Tout à coup, elle fut arrêtée au bord d’une clairière par un cri : « Qui vive !

— France ! » répondit-elle d’instinct, tressaillant toute.

Une sentinelle lui barrait le passage, et, derrière elle, sur un feu clair, une marmite de soupe épandait une bonne odeur de viande et de légumes.

Des soldats, assis autour, regardaient la cuisine avec une attention pleine de désirs. Un officier se promenait de long en large, il avait le costume des mobiles. Il s’approcha au cri de la sentinelle, et mettant son képi à la main à la vue d’une femme.

« Vous ! exclama-t-il en reculant.

— George Rozel ! Ici ! »

Il était devenu très rouge, il pressait son front, comme effrayé d’une telle vision, il balbutia :

« Que faites-vous ? Que voulez-vous ? »

Michelle debout, les mains jointes, en une attitude infiniment désolée, ne savait que répondre. Révéler le secret de son mari ; avouer le rôle qu’elle jouait actuellement ? impossible ! Elle ne pouvait trahir ce blessé vaillant qui comptait sur elle.

Elle finit par répondre, tout bas, comme une coupable :