reposer, capitaine ? nous n’en pouvons plus. Il y a longtemps qu’il est l’heure de la soupe.
— D’abord, sortons de ces ténèbres, où nous serions pincés comme dans une souricière ; ce qui serait dommage après une si belle journée. Ah ! mes enfants, la douce chose que la victoire ! Voyez comme j’ai bien fait de prier ce matin Notre-Dame des Victoires ».
Les deux fugitifs n’entendirent plus rien que les craquements des feuilles sèches et les voix joyeuses qui s’éloignaient.
Leurs sentiments, certes, n’étaient pas à l’unisson !
XII
La nuit entière se passa en alertes. Hans, brisé de fatigue, s’était, vers le matin, un peu assoupi. Michelle regardait venir la clarté matinale à travers les branchages.
Leur petite retraite de hasard était un nid délicieux. Des bêtes avaient dû y loger souvent, car les herbes restaient foulées, des myrtilles offraient leurs petits fruits noirs, des mûres pendaient par grappes, et ce frugal déjeuner fit le plus grand bien à Michelle, dont la soif était vive. Hans devait bien souffrir aussi : ses mains brûlaient, il lui aurait fallu le calme, le repos, la fraîcheur, tout manquait. Un peu d’eau sur son front lui eût procuré un grand soulagement. La jeune femme pensa à chercher aux alentours ; rien n’indiquait dans le bois une troupe quelconque. Un grand silence planait. Les oiseaux mêmes ne chantaient plus. Elle se hasarda doucement, glissant sur les feuilles humides d’un peu de rosée, sans aucun bruit. Elle écouta, l’oreille à terre. Un petit son cristallin de ruisselet la fit tressaillir. Aussitôt, elle tourna le gros bloc du rocher qui les abritait. Là une source s’égouttait à