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— Oh ! fit Michelle, joignant les mains, ma Bretagne ! »

Alexis la regarda, ému de son accent.

« Vous voudriez aborder ?

— Je n’ose le demander. »

Pas un souffle, à présent, ne rasait les flots.

« Voyez-vous, cousin, reprit la jeune femme, je désire une seule chose : stopper une heure, là-bas, vers Saint-Enogat, en face de la tombe de ma grand’mèrè.

— Madame la comtesse, objecta le capitaine, on ne nous laissera pas aborder maintenant sur les côtes françaises, sans grandes explications ; nos papiers de bord, visés à Rouen, portent indiqué notre itinéraire.

— Hélas !

— Voyons, dit Rita toujours obligeante, il y aurait peut-être moyen de tout arranger. Nous jetterions l’ancre en vue de la rade sous pavillon russe. Michelle est à moitié matelot, Minihic l’est tout à fuit, il connaît la passe de la Rance à merveille ; ils prendraient le canot et ils iraient, tous deux, accomplir leur pèlerinage… »

À ces mots, le petit Breton, qui écoutait de loin, bondit. Et, avec sa familiarité d’indressable valet :

« Oh ! oui, Madame la comtesse, partons !

— C’est bien imprudent, déclara le prince, je réponds de vous ma cousine, devant votre mari.

— Qui sait, fit Michelle, à demi voix, si je venais à disparaître… tout en serait mieux peut-être.

— Petite folle ! Et vos enfants ?