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« Allons aux ruines d’Eberstein, demanda un jour la comtesse, cela m’amuserait de me rendre compte du chemin où je me suis perdue l’an passé. »

Son mari acquiesça de suite et ils partirent en forêt.

Hans fit remarquer à sa femme, au bord d’une caverne profonde, l’empreinte du pied fourchu et des cornes du diable. « Là, dit la légende, Satan avait établi une chaire entourée de gradins où il prêchait une doctrine infiniment séduisante, mais les théories de l’enfer produisirent de tels ravages que le ciel ayant pitié des habitants du pays envoya un ange qui lutta d’éloquence contre l’infernal prédicateur et réduisit à néant ses doctrines. Alors, furieux, le diable brisa sa chaire qui s’effondra dans la profondeur des rochers[1]. »

Tout en écoutant les récits variés et instructifs de son mari, Michelle cherchait à travers les ruines d’Eberstein la grotte de la Sainte Vierge, et comme son mari lui demandait en riant si elle voulait trouver un trésor, elle répondit gravement :

« Oh ! oui, Hans je veux trouver un trésor ! »

Surpris du ton de cette réponse, le comte vint près de sa femme et éprouva une vive surprise à la voir soulever une pierre et mettre au jour un petit oratoire au fond duquel resplendissait une Vierge dont les bras semblaient se tendre vers eux. Michelle, à cette vue, saisit vivement les deux mains de son mari et les joignant avec les siennes.

« Ô Sainte Vierge Marie, s’écria-t-elle avec un accent où toute son âme passait, je vous offre mon bonheur et ma vie pour son salut ! »

Hans, à ces mots, eut un mouvement bien humain où se mêlait une foi naïve.

  1. On montre toujours à Stanfenberg (duché de Bade), la trace de la chaire du diable.