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en cage, elle a l’envolée trop facile. Il faut lui rogner les ailes. »

Michelle n’avait pas entendu, elle courait au berceau de son fils.

En sortant de la chambre, elle se croisa avec sa belle-sœur et crut poli de lui dire un mot de regret pour l’inquiétude qu’elle avait causée.

« Je suis peinée, ma sœur, dit-elle, de l’embarras que je vous ai donné ce soir ; je me croyais moins sotte que cela.

— Petite comédienne, » répondit Mlle Hartfeld, sans prendre la main à elle tendue.

Michelle s’éloigna aussitôt, plus attristée que surprise ; elle était accoutumée aux manières de sa belle-sœur.

Le comte debout, très sombre, attendait sa femme dans sa chambre :

« Michelle, dit-il, d’une voix de colère contenue, à l’avenir vous ne prendrez plus part à des fêtes qui tournent ainsi. Vous avez commis une grave inconséquence.

— Mais je ne l’ai pas fait exprès, expliqua Michelle, les yeux pleins de larmes.

— Cette fuite est étrange, cette rencontre aussi. Vous connaissez cet homme avec lequel vous étiez en tête-à-tête, au milieu des bois ?

— Je ne l’avais jamais vu.

— Ah ! ne mentez pas, » fit Hans menaçant, en prenant rudement le bras de sa femme.

Michelle pâlit, ce qu’ils croyaient tous se fit enfin jour dans son cerveau surexcité. Elle demeura anéantie.

Lui arpentait la chambre avec agitation.

Soudain, la jeune femme reprit courage ; elle était loyale et vraie ; elle ne devait pas